Démarche participative
Une question ?
Quel rôle pour le citoyen dans les projets urbains?
Olivier Neuhaus, Architecte-urbaniste communal, Ville de Neuchâtel.
Jean-Marc Boerlin, Délégué au centre ville, Ville de Neuchâtel.
Matthias Muller, Membre du comité de l’association de quartier Mail-Maladière.
A l’ère de l’urbanisme durable, l’avis du citoyen en tant qu’usager des espaces urbains est de plus en plus considéré et attendu pour améliorer la qualité de vie urbaine. Mais comment définir ce rôle et que peut-on en attendre ?
Compte rendu
Cette troisième conférence-débat d’urbaine.ch, qui s’est tenue à Neuchâtel pour questionner les démarches participatives, a réuni une septantaine de personnes au Museum d’histoire naturelle.
Monsieur Arni, président du Conseil communal de la Ville de Neuchâtel, a introduit la soirée en posant le cadre théorique de la participation citoyenne, des différentes définitions que l’on peut donner à celle-ci et des degrés de participation que l’on considère en urbanisme. Ainsi il distinguait l’information qui consiste à présenter à un public un projet sans ouvrir de débat ni en attendre de retour ; de la consultation publique où l’on sonde l’avis des citoyens sur un projet ; à la concertation où les citoyens ont une force de proposition pour la construction du projet.
Monsieur Philippe Carrard, urbaniste communal de la Ville de la Chaux-de-Fonds a présenté un exemple réussi de participation citoyenne qui a eu lieu pour le réaménagement de la place de la gare à la Chaux-de-Fonds.
Depuis la fin du XIXème siècle la place de la gare de la Chaux-de-Fonds a constamment évolué au grès de l’essor industriel et démographique, et de ses crises, mais aussi sur un siècle marqué par l’explosion du trafic individuel motorisé. Ces éléments ont eu pour conséquence une évolution constante et parfois chaotique de cette importante porte d’entrée de la ville. Les réflexions lancées depuis les années 70 n'ayant jamais permis d'aboutir à un consensus, les autorités communales ont décidé de lancer une démarche de concertation en 2007.
Lors d'ateliers menés en 2008 – 2009 avec les différents usagers et riverains de la Place de la Gare ainsi que les groupes d'intérêts concernés, les atouts et les faiblesses de la Place de la Gare de La Chaux-de-Fonds ont été évoqués par les acteurs locaux. Au terme de ces ateliers, les participants ont défini des idées-forces pour le réaménagement de la Place de la Gare.
C'est sur la base de ces premiers ateliers – et donc des ressentis et des propositions des acteurs consultés – qu'un bureau spécialisé a été mandaté afin de clarifier les espaces attribués à chacun des modes de transports : piétons, cyclistes, transports publics et voitures individuelles. Au printemps 2010, les conclusions de cette étude ont fait l'objet d'une série de présentations publiques où les éléments évoqués ont reçu un accueil favorable qui a permis de finaliser les grandes options d'aménagement de la Place. Les questions pertinentes soulevées à ce stade ont à leur tour alimenté les étapes suivantes du processus.
Sur la base de ces grandes options, le Conseil communal a choisi d'ouvrir encore la réflexion autour du projet et a mis sur pied à cet effet un concours d'architecture pour le réaménagement de la Place de la Gare. Les résultats du concours ont donné lieu à une présentation aux membres du Conseil général le 8 février 2011 et, par la suite, à une exposition publique des projets.
Suite à l'approbation du crédit d'étude par le Conseil Général le 27 avril 2011, la phase de consolidation et de consultation autour du projet a été menée par les services communaux entre le printemps 2011 et le mois janvier 2012.
Entre mi-novembre 2011 et mi-janvier 2012, des rencontres et séances publiques ont été tenues à un rythme soutenu afin d'informer différents groupes-cibles et d'intégrer au projet, dans la mesure du possible, les remarques pertinentes qui contribuent à l'amélioration de ses qualités.
Finalement, la consultation a été ouverte début janvier 2012 à toute la population chaux-de-fonnière qui a été invitée à participer au cycle de présentations publiques du projet, à visiter l'exposition mise sur pied ainsi qu'à consulter le site internet dédié au projet, avec la possibilité de poser des questions ou de formuler des remarques au sujet du nouvel aménagement.
Le Conseil général a octroyé, à l'unanimité, le crédit de construction de la place de la gare en mars 2012 (projet devisé à CHF 19.6 millions de francs) et les premiers travaux préparatoires ont eu lieu en 2013. Le réaménagement à proprement parlé se déroulera entre 2014 et 2016. Là aussi, dans cette phase de travaux, une attention particulière sera faite dans la communication afin d'expliquer aux différents usagers la teneur et le phasage des travaux.
Début 2012, la consultation est ouverte à l'ensemble de la population à l'occasion d'une exposition publique et de la mise en ligne d'un site internet. Le projet est largement communiqué. Le réaménagement de la Place de la Gare est donc un projet qui a pris en compte, de la manière la plus exhaustive possible, la diversité des opinions. Au total, le processus complet n'a pris que quatre ans alors que les premières réflexions sur le réaménagement du site avaient engendré de vives et interminables discussions par le passé.
La deuxième partie de soirée, consacrée aux débats, a permis de soulever des questions importantes sur les enjeux de la participation citoyenne. Ainsi vous pourrez suivre dans les vidéos suivantes l’intégralité des discussions. Les thématiques abordées ont été les suivantes: Expertise des citoyens versus expertises des techniciens; Sensibilisation des différents acteurs et apprentissage du travail ensemble, Vision urbanistique à long terme versus vision par projets à court terme.
Chaque aménagement d'espace public cache autant d'attentes qu'il y a d'usagers différents (piétons, cycliste, automobiliste, commerçants, écoliers, etc...). Pour garantir le succès d'un aménagement et que les usagers se l'approprie, il faut replacer l'homme au centre des préoccupations urbaines. Il est nécessaire d'intégrer les usagers dans la définition des objectifs de l'aménagement de manière à ce qu'ils puissent contribuer à la définition du programme.
La ville vivant 24h/24h, il est également important d'assurer que l'aménagement fonctionne correctement à toutes heures du jours et de la nuit. L'aménagement doit convenir à tous les citoyens, y compris les enfants et les personnes agées et être pensé de manière conviviale et esthétique, considérant toute la subjectivité que ces deux critères dégagent.
Les facteurs de réussites de tels aménagements sont complexes, mais souvent le temps est un élément majeur. Il faut prendre le temps nécessaire pour entendre les peurs et les réticences et y répondre.
En zone 30km/h, la traversée de la chaussée est par principe autorisée partout et par conséquent il ne devrait pas y avoir de passages pour piétons marqué au sol. Cependant, dans certains cas jugés dangereux, le marquage au sol est pratiqué pour plus de sécurité et n'est pas interdit.
L'objectif visé par cette diminution de la vitesse autorisée est de permettre aux conducteurs de rouler de manière prudente et prévenante. Ralentir, c'est donner le temps d'établir un contact visuel avec les autres usagers et de pouvoir anticiper les actions des enfants qui jouent dans la rue ou encore des personnes agées qui souhaitent traverser à leur rythme.
S'il a le droit de traverser la chaussée de manière libre, le piéton ne doit pas chercher à empêcher inutilement la circulation et doit toujours chercher le contact visuel avec les conducteurs.
Pour les enfants, la consigne est claire : s'arrêter au bord du trottoir, puis "regarder - écouter - traverser".
Plus d'informations sur le site de la Police de Neuchatel
La mixité fonctionnelle est considérée comme un but urbanistique qui s'oppose au découpage du territoire en zones fonctionnellement différenciées ("zoning") qui a caractérisé la planification urbaine de l'après-guerre.
Le zoning a eu pour conséquence de séparer les espaces selon leur fonction (loisir, commerciale, industrielle, artisanale, logement, etc) ce qui encourage l'usage de l'automobile pour se déplacer efficacement entre les différents espaces.
A contrario, la mixité fonctionnelle est vue comme un élément important d'une "ville des courtes distances" (qui favorise les transports doux) pour un développement urbain soutenable.
L'objectif est de permettre aux habitants d'un quartier d'accéder à pied ou à vélo aux "fonctions" utilisées les plus fréquemment (commerce, emploi, école, espace de détente et de loisir).
Pour en savoir plus: Publication "Attractivité résidentielle, mixité sociale et fonctionnelle"
La Zone 30 est constituée de tronçons de route où les activités des riverains sont privilégiées par rapport à la circulation. Des mesures de limitation de vitesse rappellent que celle-ci est fixée à 30 km/h maximum. Le piéton n'a pas la priorité mais il peut traverser où il veut. Généralement, il n'y a pas de passage pour piétons.
Une Zone 20 ou "zone de rencontre", englobe des tronçons de route situés dans des quartiers résidentiels ou commerciaux où les piétons sont prioritaires. La vitesse maximale est fixée à 20 km/h.
Ces espaces sont conçus pour augmenter la qualité de vie des riverains en augmentant la sécurité par une baisse de la vitesse autorisée, en baissant les nuisances sonores et la pollution de l'air liés au trafic tout en permettant la fluidité du trafic pour les différents mode de transports (vélo, voitures, bus).
Pour en savoir plus: www.zonederencontre.ch
Sous le terme de participation citoyenne se cachent en réalité plusieurs définitions ou "échelles" de la participation:
- l'information: les intentions d'un projet sont présentées aux citoyens au moyen d'une exposition ou d'une présentation publique. Les réactions du public ne sont pas prises en compte par les porteurs de projet et les citoyens en désaccord ne peuvent réagir qu'au travers des moyens de la démocratie directe comme la pétition ou l'opposition.
- la consultation: une proposition de projet est présentée sous forme de débats, de questionnaires ou encore de tables rondes en vue de recueillir les réactions des participants. Ces derniers n'ont pas de garantie que leurs remarques soient prises en considération.
- la concertation: les éléments de réflexion d'un projet sont discutés, parfois très en amont, depuis la définition des problèmes et des besoins. Cette méthode intègre les différentes parties prenantes, même si la décision finale revient aux porteurs de projets.
- la participation ou coproduction: la participation des différents acteurs concernés est complète sur l'ensemble du projet et du processus décisionnel.
Pour en savoir plus: Office fédéral du logement