Ecoquartier

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Un habitat à loyer modéré: rêve ou réalité?

Lieu:
CIFOM, Le Locle
Date
26 juin 2014
Intervenant(s)
Introduction
Cédric Dupraz, Conseiller communal en Ville du Locle en charges de l’urbanisme, de l’environnement, de la mobilité et des Affaires sociales.

Conférence
Présentation de l’écoquartier Les Vergers à Meyrin
Olivier Morand, Chef du service de l’Urbanisme, des Travaux publics et de l’Energie de la Ville de Meyrin
Horaire
19h30; 21h30
Table ronde
Olivier Morand, Chef du service de l’Urbanisme, des Travaux publics et de l’Energie de la Ville de Meyrin
Sophie Lufkin, Collaboratrice scientifique EPFL – ENAC – IA – LAST
Jean-Marie Cramatte, Architecte communal de la Ville du Locle
Thierry Cortes, Habitant du quartier Les Malpierres
Marie-Christine Binoux Remy, Chef de projet planification et stratégie urbaine - développement durable du Pays de Montbéliard Agglomération
Gilles Desthieux, Chargé de cours à la HEPIA, ingénieur en environnement
Construire un écoquartier « Les Vergers » à Meyrin - Olivier Morand

Les avantages de la vie urbaine sont nombreux (proximité des commerces, des écoles, offre culturelle et mobilité), mais pour beaucoup de familles la campagne peut être le gage d’une vie loin des nuisances (bruits, engorgements, pollution) et l’occasion de construire un habitat de qualité.
C’est souvent dans ces contextes que sont nés les « écoquartiers », cherchant à allier construction durable et qualité de vie urbaine.
Pôle d’emploi, la ville du Locle attire quotidiennement des travailleurs suisses et français, générant son lot de nuisances liées au trafic routier. Diminuer ces dernières et faire du Locle une ville durable peut passer par le développement d’écoquartiers.
Mais comment créer de tels quartiers attractifs et conviviaux satisfaisant à des critères exigeants tout en maîtrisant les coûts pour offrir des habitats à loyer modéré? Quel lien doit-il entretenir avec la ville pour en faire un espace ouvert? Quel est le rôle de l’écoquartier pour développer une ville durable ?

Cet événement a été organisé en partenariat avec le projet sQUAD - Centre de compétences transfrontalier en planification et suivi de quartiers durables, lauréat du programme INTERREG IVA France- Suisse.

Compte rendu

Cette cinquième conférence-débat du cycle de conférences proposé par la plateforme urbaine.ch qui s’est tenu au CIFOM au Locle a abordé le thème des écoquartiers en confrontant des expériences suisses, mais aussi françaises.

Monsieur Cédric Dupraz, conseiller communal en Ville du Locle en charge de l’urbanisme, de l’environnement, de la mobilité et des affaires sociales, a entamé la soirée par la présentation de l’ambition d’urbaine.ch d’obtenir une reconnaissance romande, voire nationale afin de diffuser plus largement les projets novateurs en matière d'urbanisme durable développés en Suisse.

Olivier Morand, chef du service de l’urbanisme, des travaux publics et de l’énergie de la Ville de Meyrin est ensuite venu présenter au public le projet Les Vergers. Ce dernier, dont la livraison est attendue à l’horizon 2018, verra le jour à proximité de la cité. Débuté en 2003 avec les premières études d’aménagement, ce projet, qui prend place dans une ville de 21 500 habitants pour 25 000 emplois  et de longue haleine, a nécessité une importante mobilisation en terme de ressources humaines. Monsieur Morand en a présenté les acteurs et étapes successives, détaillées dans la présentation power point disponible en pièce jointe. Le quartier, composé de trois entités composées d’immeubles de gabarits différents afin de s’insérer au mieux dans le paysage existant, implique deux coopératives et un propriétaire privé sur des terrains dont la moitié appartient à la commune. Les aménagements de surface ont été élaborés sur base d’un concours international tandis qu’une démarche participative réunissant futurs habitants et habitants actuels à pour objectif de définir le cadre de vie et l’animation des espaces publics et du quartier en général.

L’accent est mis sur une qualité de vie élevée (priorité aux piétons, concept énergétique innovant, charte d’écoquartier) avec une mixité économique, sociale et générationnelle assurant l’animation du quartier pour attirer des populations autrefois rebutées par la réputation de Meyrin d’être sous les avions. Cette stratégie a payé, puisque la demande en logement dans le futur écoquartier est supérieure à l’offre. Malgré cela, les loyers ont pu être maintenu plus bas et stables que ceux du marché genevois.

Monsieur Morand a ajouté que le lien que l’écoquartier doit entretenir avec la ville doit être équilibré avec l’objectif d’aller vers une « éco-ville » et éviter les réactions hostiles.

Olivier Morand a enfin noté que le terme parfois critiqué d’« écoquartier » a permis de fédérer et stimuler les acteurs en vue de développer des idées innovantes.

La soirée s’est poursuivie par une table-ronde. Thierry Cortes, habitant du quartier Les Malpierres, a signalé qu’il ne ressentait aucune contrainte particulière liée au fait d’habiter dans un écoquartier et a surtout choisit d’y vivre pour les hautes performances énergétiques offerte par les habitations. Jean-Marie Cramatte, architecte communal de la Ville du Locle, rejoint par les autres intervenants, a souligné l’importance de l’existence d’opportunités foncières et de la maîtrise du sol pour le développement d’écoquartiers. En Ville du Locle, les réserves foncières potentielles sont relativement petites (1 à 3 hectares) et la nouvelle Loi sur l’aménagement du territoire (LAT) implique de travailler sur des friches. Attirer des gens est un enjeu crucial puisque le taux de vacance est élevé et un tel quartier impose des fonctions aux habitants qu’ils doivent s’approprier afin de limiter les problèmes d’usage. De plus, ainsi que l’avait mentionné Monsieur Morand, l’architecte communal a rappelé qu’il faut éviter de créer des îlots rejetant les nuisances à l’extérieur et créant une gentrification chassant les populations plus modestes. Gilles Desthieux, chargée de cours à HEPIA et ingénieur en environnement, a été dans le même sens en affirmant que l’enjeu est véritablement celui de créer des villes durables.

Collaboratrice scientifique EPFL, ENAC, IA et LAST, Sophie Lufkin est revenu sur le terme d’écoquartier en suggérant d’utiliser celui de quartier durable. En effet, au même titre que les critères écologiques, les aspects socio-culturels et énergétiques sont des éléments primordiaux de ce type de quartier. Ces aspects sont :

  • la densité,
  • la mixité,
  • la mobilité,
  • la maîtrise des coûts,
  • le bien-être et le confort,
  • la convivialité,
  • la qualité architecturale,
  • la démarche participative.

Monsieur Desthieux a appuyé ces propos en rajoutant que la gouvernance et les processus de développement des écoquartiers sont aussi importants que leurs performances. Madame Lufkin a par ailleurs attiré l’attention sur la difficulté d’évaluer ces écoquartiers dans la durée étant donné l’absence de recul actuelle.

Invitée dans le cadre du projet sQUAD, Marie-Christine Binoux Remy a apporter un éclairage différent en partageant son expérience de chef de projet planification et stratégie urbaine – développement durable du Pays de Montbéliard Agglomération, en France. Tout comme au Locle, le Pays de Montbéliard a une pression foncière légère et un problème d’attractivité. Les friches industrielles et le gisement foncier sont nombreux mais le coût des terrains est élevé du fait de leur pollution et de l’absence d’infrastructures existantes. Si l’écoquartier «  à la française », dont les objectifs sont déterminés par les élus, a l’ambition de traiter des thématiques écologiques, économiques et sociales, ce dernier aspect tend à primer dans le cas de Montbéliard de part une importante population aux moyens financiers limités. Enfin, les habitants présents sont impliqués tout au long du processus afin de limiter les recours.

Pour conclure cette soirée, Olivier Morand à partagé sa conviction que le Locle possède le potentiel d’être une éco-ville et peut pour cela miser sur son passé et les valeurs liées à l’utopie hygiéniste qui ont été à l’origine de son développement.

La soirée en image (© Alexandre Dell'Olivo)

Cédric Dupraz
Une salle attentive
Olivier Morand
Thierry Cortes
Jean-Marie Cramatte et Laurent Bonnard
Sophie Lufkin
Thierry Cortes, Gilles Desthieux et Marie-Christine Binoux Remy
Gilles Desthieux et Marie-Christine Binoux Remy
 
 

MINERGIE® est un standard de construction facultatif qui permet une utilisation rationnelle de l'énergie et une mise en oeuvre plus large des énergies renouvelables, tout en assurant une amélioration de la qualité de vie et une diminution des atteintes à l'environnement.

Il est destiné aux bâtiments neufs ou rénovés.

Au centre du standard figure le confort d’habitat et de travail pour les usagers des bâtiments. Celui-ci est garanti par une enveloppe thermique de grande qualité et un renouvellement systématique de l’air.

D'autres standards ont également été développés et placent la barre du confort et de la rentabilité énergétique encore plus haut (Minergie-P, Minergie-A et Minergie Eco).

Pour en savoir plus:

L'outil "Quartiers durables by Smeo" a été conçu pour répondre aux collectivités locales désireuses d'améliorer leurs projets de construction ou de rénovation de quartier. Il a comme objectif prioritaire l'amélioration de la qualité de vie des habitants et usagers.

Diverses thématiques sociales, économiques et environnementales sont traitées en fonction des différentes phases d'avancement du projet. Cette structure permet de se poser les bonnes questions au bon moment, qui n'auraient pas forcément été abordées dans un processus standard.

Pour en savoir plus: www.quartiersdurablesbysmeo.ch

La mixité fonctionnelle est considérée comme un but urbanistique qui s'oppose au découpage du territoire en zones fonctionnellement différenciées ("zoning") qui a caractérisé la planification urbaine de l'après-guerre.

Le zoning a eu pour conséquence de séparer les espaces selon leur fonction (loisir, commerciale, industrielle, artisanale, logement, etc) ce qui encourage l'usage de l'automobile pour se déplacer efficacement entre les différents espaces.

A contrario, la mixité fonctionnelle est vue comme un élément important d'une "ville des courtes distances" (qui favorise les transports doux) pour un développement urbain soutenable.

L'objectif est de permettre aux habitants d'un quartier d'accéder à pied ou à vélo aux "fonctions" utilisées les plus fréquemment (commerce, emploi, école, espace de détente et de loisir).

Pour en savoir plus: Publication "Attractivité résidentielle, mixité sociale et fonctionnelle"

Le terme "maison passive" désigne un bâtiment qui n'utilise pas ou très peu d'énergie non renouvelable pour assurer son confort (chauffage, luminosité, électricité, traitement des eaux).

La stratégie est de miser d'une part sur la diminution de la consommation d'énergie dans le bâtiment (isolation, choix de grands vitrages orientés au sud pour profiter de la chaleur du soleil, etc), et d'autre part de tirer le bénéfice des énergies renouvelables (panneaux solaires photovoltaïques, utilisation de pompes à chaleur, etc).

Pour en savoir plus:

Les points forts des projets présentés dans la plateforme répondent aux éléments qui constituent la définition de quartier durable employée par les Offices fédéraux.

Densité, mixité fonctionnelle et mobilité durable

Logements, commerces et activités de service sont mélangés afin de favoriser une diminution des déplacements en voiture et le recours à une mobilité douce (vélo, marche à pied) et aux transports publics.

Haute qualité environnementale

Les stratégies pour réduire la consommation d'énergies non renouvelables et de ressources naturelles sont intensifiées. La santé des utilisateurs est prise en compte en réduisant le recours à des matériaux nocifs.

Mixité intergénérationnelle et sociale

L'accès du quartier à un large public est privilégié: places de jeux pour les plus petits, accès pour les personnes à mobilité réduite ainsi que logements variés pour accueillir tous les types de budgets. 

Bien-être et convivialité

La qualité de vie et l'attractivité du quartier sont renforcées, par exemple par l'aménagement de zones de rencontre et un développement des services de proximité.

Maîtrise des coûts

Réaliser un quartier durable permet de diminuer les charges d'entretien et d'exploitation (énergie, eau...) et ainsi anticiper un report des coûts sur les collectivités publiques de demain.

Processus participatif

L'implication des habitants et du voisinage est favorisée dès le processus de création ainsi que tout au long de la vie du quartier.

Pour en savoir plus: Publication "Quartiers durables: défis et opportunités pour le développement urbain durable"